Suite à mon commentaire sur le post de Suppaiku : Sur un air de printemps... a propos d'une candidature de Taubira :
"Il n'y a rien de plus communautariste qu'un scrutin présidentiel auquel concourent des hommes blancs diplômés de plus de 50 ans. C'est une quasi-mainmise de cette minorité"
Patrick Lozès (président du CRAN)
Je vous copie l'intégrale de la réponse de Suppaiku, qui comme a sont habitude très lucide sur la situation française (les marques en gras sont de moi):
Cela étant, moi, ça aurait plutôt tendance à m'inquiéter, tout ça... Les médias contrôlés par la droite ont fait lors des 2 précédentes campagnes présidentielles la part belle à Arlette Laguiller (1995) et Besancenau (2002). Tant mieux pour eux et leurs organisations... Ca leur est retombé sur un coin de la cuillère en 2005 avec le référendum, mais ce n'est pas grave puisque la droite et le capitalisme mondial n'ont pas besoin de constitution Européenne pour faire du profit : la preuve, c'est que la circulaire Bolkestein est en cours d'adoption... et que ni le parlement revalorisé ni le conseil social Européen que la constitution instaurait ne peuvent s'y opposer. Enfin, on en a déjà discuté, les électeurs du NON croyaient s'opposer à la droite et au libéralisme, ils ont achevé les dernières bribes de social-démocratie qu'il nous restait via la construction Européenne. C'est triste, mais bon, on peut toujours construire une vraie SD Européenne. Là, il y en a pour 20 ans. Z'êtes prêts, les gars et les filles ???
Je pense en tout cas que les médias vont maintenant modérer la visibilité de Laguillier et préférer Besanceneau et Buffet, moins dangereux finalement pour leurs propriétaires que la "rouge" qui ne se désiste pas et ne roule pas pour le "concert républicain contre Le Pen". Et qu'ils vont en revanche y aller franchement dans le Taubira-Dieudonné, à coup de communautarisme par ci, de revendications identitaires par là. But : coincer la gauche ! Besanceneau ira de sa petite musique "communautaire" (la LCR est "pour" le voile) et Buffet de ses "valeurs" républicaines. But ultime : ranger ce débat au sein de la gauche et coincer le/la candidat/e socialiste sur ces questions là, faire passer le chômage au second plan des préoccupations. Et accessoirement, présenter Dominique de Villepin comme le sauveur de la France face à une "gauche grignotée par le communautarisme et la tentation identitaire". Je vous le mets entre guillement, c'est ma manière de déposer la citation, car c'est globalement ce que dira Villepin. Il nous sortira son Beggag de service et recevra un appui appuyé de "Sa Majesté le Roi du Maroc, Grand Commandeur des Croyants, Mohammed VI", et fera peut être même durant la campagne, une petite escale à Alger où il posera à côté d'une brochette de "jeunes entrepreneurs français d'origine maghrébinne qui ont fait le pari de l'intégration sans renier leurs origines"... avant d'aller visiter quelque Mobutu/Bouani de nouvelle génération...
Si la raison commandait les peuples, aujourd'hui, tous ceux qui veulent que les choses changent "électoralement" se rangeraient comme c'est désormais clairement fait pour moi, derrière Ségolène Royal. Pas "parce qu'elle est trop géniale". Mais parce que nous avons besoins d'un/e président/e pour gagner, dans la Vème République. Et qu'il faut imposer le rapport de force dès le premier tour : la vraie leçon de Mitterrand, ce n'est pas l'Union de la Gauche, c'est COMPTER DES LE PREMIER TOUR. Et dans le temps qui nous sépare de ce fameux premier tour, animer un réel débat revendicatif autours de quelques questions de sociétés importantes parmi lesquelles non pas la place réservée aux enfant d'immigrés, mais celle de la promotion sociale, tout simplement : l'"exclusion" ne touche pas que les enfants d'immigrés, mais des pans entiers de la société française. Un Français de souche mâle blanc hétéro qui vit avec le RMI dans une cité en ruine du Nord Pas de Calais souffre plus qu'un fils d'Africain qui a fait des études, vit à Paris et travaille en Back-Office bancaire, même si ses chances de promotions seront limitées par rapport à d'autres. C'est pas à la mode de le dire, mais ce qui me désole, c'est qu'il n'y ait plus que Laguillier qui dise cela : la souffrance est avant tout sociale. Un patron noir, pour moi, c'est d'abord un patron, même si par ailleurs quand ce brave monsieur prend le métro il ressent un regard méfiant à son égart.
Je dis cela du "racisme", je le pense également de "l'homophobie" qu'on nous sert désormais à toutes les sauces.
Il serait bon d'avoir non pas un débat sur la valorisation des différences, mais plutôt sur l'egalité réelle, principe et moteur du progrès social et morale.
Un an pour imposer cette direction à Ségolène, en sachant qu'elle serait certainement la moins fermée à ces questions. Les autres acceptent tout, elle, elle ronchonne : convaincre Ségolène sur tel ou tel point, à mon avis ça doit être dur, mais une fois convaincue, à mon avis, elle y va.
Pourquoi je dis tout ça ? Ben parce que une fois que Taubira et Dieudonné auront bien palabré à la TV, que Villepin sera élu, je sais que ces revendications légitimes de droit à une histoire partagée, complexe, de place dans la société et de redéfinition de l'identité de la France à venir, eh ben elles seront à la trappe comme la fracture sociale en 95, la "république" en 2002 voire le "plus de social de l'Europe" en 2005.
Pour sortir de la Chiraquie, il faut retenir la leçon numéro 1 du mitterrandisme : GAGNER. ENSEMBLE. "DE TOUTES LES FORCES DE LA FRANCE" (slogan de 1981).
Le reste, c'est du bavardage, du rocardisme. Chipotage pour loosers.
vendredi, mars 10, 2006
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