Le « turbo » chinois (…) : moteur à deux temps, il fonctionne sur l'autoritarisme et les investissements étrangers. Le capital, sans états d'âme, constate qu'en Chine le Parti communiste s'occupe de tout, fournit - clefs en main - l'usine et la main-d'oeuvre. Que 20 % seulement des Chinois bénéficient du développement, alors que 80 % balancent entre la résignation et la révolte, cela ne concerne pas les investisseurs étrangers : l'injustice, la tyrannie ne sont-elles pas des affaires intérieures à la Chine ?
L'Inde est plus complexe parce que les Indiens ont des droits : ils votent, se syndiquent, défendent leurs intérêts. Tout en est ralenti, les procédures et les décisions ; l'autonomie des Etats qui composent l'Inde, ajoute encore à la difficulté d'y entreprendre. A la différence du moteur chinois, celui de l'Inde est à quatre temps : débat, décision, élection, application. Mais, avantage pour l'Inde, la mondialisation est un choix démocratique, ratifié par des majorités successives, sans doute irréversible. Les Indiens ont des droits ? Mais les entreprises étrangères en ont aussi, garantis par la loi, des juges et des médias indépendants. Cette liberté, propre à l'Inde, éclaire le goût pour l'innovation, si manifeste dans ses industries de l'information et assez introuvable en Chine. A-t-on observé qu'il existe une relation entre la création, celle de logiciels par exemple, et la démocratie ?
Dans les régimes totalitaires - sans débats, ni droits -,
on ne produit pas de logiciels, on les copie.
Les Echos - 22 mars 2006
Chine-Inde, ma lecture du match du siècle
de GUY SORMAN
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