jeudi, mai 04, 2006

L'affaire dans l'affaire : Chirac au Japon



Extrait :

La première était que quand M. de Villepin était secrétaire général de l’Elysée auprès de M. Chirac, président de la République, j’avais été missionné officiellement et directement par M. Chirac en présence de Dominique de Villepin et à la connaissance d’Alain Richard, ministre de la défense de l’époque, pour démêler ce qu’on appelle « l’affaire japonaise ». Cette affaire n’est pas secrète puisque la presse s’en était fait l’écho début 2002 et que Franz-Olivier Giesbert la rapporte dans son dernier livre sur le président Chirac en reprenant les propos du président à mon endroit. Cette affaire était la suivante : un officier de la DGSE avait dénoncé au début de l’année 2002, environ trois mois avant l’élection présidentielle, l’existence d’une supposée machination animée au sein de la DGSE par une petite équipe dont Gilbert Flam serait l’animateur. A partir de renseignements recueillis soit par Gilbert Flam, soit par ses collaborateurs, le but était de mettre en cause le président à travers l’existence d’un compte bancaire que le président possédait dans une banque japonaise. Ce compte était alimenté par le versement régulier d’une somme très importante, dont je n’ai pas le montant précis en tête, provenant d’une fondation culturelle dont M. Chirac était membre du conseil d’administration.
(…) A ma connaissance, ce compte avait été ouvert en 1992. J ‘étais chargé de vérifier si les fonctionnaires de la DGSE, n’avaient pas essayé, hors de leur hiérarchie, de monter un dossier contre le président, en révélant le compte de celui-ci au Japon.
Cette enquête interne au sein de la DGSE a été diligentée par le général Champtiaux, qui avait été désigné pour y procéder par M. Cousserand, alors directeur général de la DGSE. Pour ma part, je devais suivre les développements de cette enquête interne sous l’égide du président de la République et du ministre de la défense, mais je n’ai par la suite rendu compte qu’au ministre de la défense puisque je n’ai plus jamais revu M. Chirac à ce sujet, les comptes-rendu lui ayant été faits par M. Richard en personne.
Ma conclusion suite aux vérifications internes à la DGSE que j’ai suivies était que cette affaire était assez trouble et qu’il y avait probablement un fond de vérité. D’ailleurs, les gens impliqués dans ce dossier avaient été écartés de leurs fonctions, notamment M. Cousserand puis M. Gilbert Flam, à l’initiative du successeur de M. Cousserand, M. Pierre Brochand, actuel directeur général de la DGSE et frère de Bernard Brochand. Pour autant, j’ai considéré que l’action de M. Gilbert Flam s’inscrivait dans le cadre normal de ses compétences au sein de la DGSE.

Aujourd’hui, à l’issue de cette audition et des perquisitions qui ont été effectuées au sein de vos domiciles principaux et secondaires, craignez-vous pour votre intégrité physique ?
Je refuse de répondre à cette question.

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