vendredi, juin 09, 2006
La retraite a 80 ans en 2060
ESPÉRANCE DE VIE À LA NAISSANCE :
la moyenne mondiale est de 67 ans (chiffres 2005) selon Population Reference Bureau. Ce chiffre est de 79 ans pour les pays d'Europe de l'Ouest ; 78 ans en Amérique du Nord ; 72 ans en Chine ; 62 ans en Inde ; 52 ans en Afrique.
EVOLUTION :
depuis cinquante ans, l'espérance de vie dans les pays industrialisés augmente d'un an tous les cinq ans.
Extrait :
L'espérance de vie dans les pays industrialisés sera d'environ 90 ans en 2050, si on ne fait que prolonger les tendances actuelles. Au Japon et en Suède, elle atteindra même 95 ans. Mais il est tout à fait possible qu'elle soit plus importante car nous sommes devenus très efficaces pour traiter les maladies qui viennent avec l'âge.
Le débat actuel est encore timide. On parle de fixer l'âge de la retraite non plus à 65 ans, mais à 67, 68 ou 69 ans. Aux Etats-Unis par exemple, cet âge va d'ici cinq ans passer à 67 ans. Mais la vraie question est déjà : de combien devons-nous l'augmenter de plus ? Si nous voulons réellement payer les pensions dans les pays industrialisés, sans augmenter leur coût pour la société, il faudra que la retraite soit au moins fixée à 75 ans d'ici vingt-cinq, trente ans. Dans certains pays, en fonction de l'espérance de vie, la retraite à 80 ans pourrait même être envisagée en 2060. Maintenant, tout dépend du modèle de société que les politiques vont choisir.
Les gouvernements peuvent décider de réduire les montants des pensions. Mais la situation démographique inédite à venir nous force à réfléchir à ce que signifie "être à la retraite". Le vrai problème est que les gouvernants ont du mal à se projeter au-delà de leur propre vie politique.
Si, en 2050, vous partez à la retraite à 65 ans, qu'allez-vous faire des trente ans qui vous restent à vivre ! Certaines personnes seront malades, mais les plus en forme, la majorité, vont vouloir rester actives économiquement, en exerçant peut-être des métiers totalement différents. C'est déjà ce qui se passe aux Etats-Unis où se développe le temps partiel. Le gouvernement peut encourager ce type de pratique en versant une partie de la retraite. Dans le futur, nous allons peut-être créer un nouveau style de vie où nous ne travaillerons pas 100 % du temps avant de nous reposer. Un système plus flexible avec des périodes d'alternances : travailler dix ans, s'arrêter un an ou deux, recommencer...
La Suède, par exemple, va devoir augmenter son âge de la retraite assez rapidement, car son "taux de dépendance" est quasiment le double de celui des Etats-Unis (2 seniors pour 5 actifs, contre 1 sur 5). Ce pays va devoir prendre de l'avance et fixer un âge de retraite que les autres n'atteindront que dix à vingt ans plus tard. L'Italie, dont le taux de natalité est très bas, va également devoir porter rapidement cet âge à au moins 70 ans si le pays veut avoir des comptes en ordre. En France ou aux Etats-Unis, où la natalité est plus importante, les choses peuvent aller un peu plus doucement.
A quels problèmes vont être confrontés les deux futurs géants, Chine et Inde ?
Ces deux pays auront 300 millions d'habitants supplémentaires dans les trente ou quarante prochaines années ! L'espérance de vie y augmente très rapidement, comme au Japon dans les années 1950. Pour l'instant, aucun d'eux ne propose de régime de retraite, à l'exception de ceux destinés aux fonctionnaires. Des systèmes sont testés, mais le coût va être gigantesque : dans vingt ans, Inde et Chine devront consacrer 4 % à 5 % de la croissance du PIB uniquement à payer ce coût additionnel. D'ailleurs, la Chine vient d'imaginer un système créatif. Puisque ce sont culturellement les fils qui doivent soutenir les personnes âgées, si vous avez un fils, vous recevez moins de retraite que si vous n'en avez pas. Et si vous en avez deux, vous en recevez encore moins.
Les traitements qui permettent de rallonger la vie sont chers. Les pays riches, la Chine ou l'Inde, vont pouvoir se les payer. Mais comment vont faire les autres, non seulement les pays pauvres, mais aussi les pauvres des pays riches ?
Aux Etats-Unis, le nombre de personnes n'ayant pas accès aux soins est bien supérieur à ce qu'il est en Europe, et ces personnes le "payent" littéralement en mourant plus vite : les 10 % les plus pauvres ont une espérance de vie de six ans inférieure au reste de la population américaine. Même phénomène quand vous comparez les pays : entre "pauvres" et "riches", les espérances de vie diffèrent de dix, quinze ans, ou même trente ou quarante ans. Le fossé devrait se creuser significativement. Le risque des prochaines décennies est de créer de façon permanente une "underclass", un groupe de population socialement déclassé.
Extrait :
Au plan mondial, la population augmente et vieillit en même temps. Selon l'ONU, l'âge moyen de la population sera, en 2050, de 38 ans, dix ans de plus qu'en 2005, et il s'élèvera même à 50 ans au milieu du XXIe siècle dans près de quatorze pays, pour moitié situés en Europe.
En France, l'âge moyen s'inscrira à 45 ans en 2050, contre 39 actuellement. Les plus de 60 ans représenteront 46 % de la population en 2050. Ce chiffre était de 25 % en 2005. La population active, elle, connaîtra une évolution inverse, pour avoisiner 55 %.
A l'inverse, "certains pays d'Europe continentale, comme la France et l'Italie, verraient leur ratio de dette franchir nettement la barre des 200 %". Si la tendance actuelle se poursuivait, la dette française représenterait 223,4 % du PIB d'ici à 2050. Elle se hisserait même jusqu'à 271,1 %, dans le cas d'une hausse des primes de risques exigées par les investisseurs. Petite consolation, la France ferait mieux que le Japon, dont la dette pourrait grimper jusqu'à 1 100 % du PIB en 2050 !
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