jeudi, juin 01, 2006
Familles de France
Ségolène Royal défie Nicolas Sarkozy sur son terrain, la sécurité. En visite, mercredi 31 mai, à Bondy, une commune de Seine-Saint-Denis située au coeur des violences urbaines de novembre 2005 et proche de Montfermeil, où des incidents ont ressurgi, la candidate à l'investiture du PS pour 2007, s'est attaquée à un sujet "longtemps minimisé par la gauche" mais qui constitue d'abord à ses yeux "la faillite du ministre de l'intérieur".
Lors d'une réunion publique tenue en présence du maire PS, Gilbert Roger, et de l'ancienne garde des sceaux et députée de la circonscription, Elisabeth Guigou, Mme Royal a présenté, sur un ton un peu martial, une panoplie de mesures pour "recadrer" les jeunes fauteurs de troubles et "remettre au carré" les familles. "Il faut une reprise en main lourde", a insisté la présidente socialiste de la région Poitou-Charentes, pour répondre à ce qu'elle a maintes fois décrit comme "une production massive de la violence". Ainsi, au niveau de l'école primaire, Mme Royal envisage-t-elle, "au premier acte d'incivilité" de l'enfant, d'obliger les parents à suivre "un stage dans des écoles de parents", et la "mise sous tutelle provisoire" des allocations familiales.
Au niveau du collège, elle prône le placement "d'office" des élèves "qui font la loi et pourrissent la totalité d'un établissement scolaire" dans des "internats-relais". Ces internats, a expliqué Mme Royal, "c'est un appartement qu'on libère dans un quartier avec des éducateurs sportifs, des jeunes enseignants et des jeunes retraités". Elle en revendique l'idée : "Je les avais créés lorsque j'étais ministre de l'enseignement scolaire (de 1997 à 1999) et puis ça s'est arrêté". Mme Royal réclame aussi l'instauration d'un "nouveau métier", des éducateurs sportifs qui assisteraient, dans chaque classe, les professeurs, pour veiller à "la discipline". - "Des gardes du corps ?", l'a interrompu un jeune dans la salle. - "Des gardes du corps sportifs, pourquoi pas ?", a répondu sans se démonter Mme Royal. Il faudrait aussi, a-t-elle complété en insistant sur le rôle des services publics et des collectivités locales, réduire la taille des collèges pour qu'ils ne dépassent pas le seuil de 400 ou 500 élèves.
"Au premier acte de délinquance" à partir de 16 ans, âge qui met fin à la scolarité obligatoire, elle recommande le placement d'office dans "des établissements à encadrement militaire" pour s'y consacrer, notamment, à des projets "à vocation humanitaire". "La suppression du service militaire a été une erreur, il faut en inventer un nouveau", a lancé Mme Royal. Pour elle, la police doit rester cantonnée à la "grande criminalité". "C'est cela l'ordre juste", a-t-elle expliqué.
Certaines de ses propositions figurent, de façon plutôt floue, dans le projet provisoire du PS, qui mentionne "une présence plus forte des adultes dans les établissements" et la "construction d'internats scolaires". Mais à ce stade, il n'y a rien sur la mise sous tutelle des allocations familiales. En 1998, Jean-Pierre Chevènement avait plaidé auprès de Lionel Jospin pour la suspension de ces allocations, l'exclusion définitive des mineurs de 16 ans qui perturbent la vie scolaire, et l'instauration d'internats. Ces propositions avaient déclenché un tollé, mais Mme Royal avait apporté son soutien à l'ancien ministre de l'intérieur.
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