mercredi, août 02, 2006

La France : des gens qui ne veulent pas vivre ensemble




LA FRANCE QUE J'AIME

Matériellement, nous aurions toutes les raisons pour être bien et heureux. La République a toujours offert des chances exceptionnelles dont les immigrés se sont servis au cours des siècles derniers. Et, maintenant, cela ne marche plus. Ce qui nous manque, c'est un projet collectif, une conscience d'un destin. Nous n'avons plus envie de rien faire. Je ne vois pas d'espoir, d'avenir. En même temps, j'ai envie de me battre pour ce pays, parce que c'est le mien. C'est mon seul pays.

LA FRANCE QUE J'AIME MOINS

Le pays est dépressif. Je connais peu de gens heureux individuellement et dans leur vie professionnelle autour de moi. Et, à ce niveau d'hébétude et de mauvaise humeur, c'est un problème de société. Je suis frappée par le fait que, dès que nous sortons de France - que ce soit en Espagne, en Belgique, en Italie et à New York - il y a une énergie positive. Et lorsque l'on revient, on se sent pris dans une sorte de gouffre... Il me vient même l'idée de partir, car il y a un climat très difficile de conflits sociaux, de grand désabusement. Nous avons l'impression que les envies de faire des choses se dissipent dans une sorte d'ambiance très atone, amorphe.

J'ai été très choquée par le meurtre d'Ilan Halimi. Pendant un mois, comme beaucoup de gens, j'ai eu du mal à m'en remettre. Je n'arrivais plus à dormir, je faisais des cauchemars. Fofana n'est pas un crétin isolé. C'est plus profond. C'est le mal des banlieues qui sont laissées à l'écart. Avec un échec des politiques d'intégration, d'éducation. Fofana, par exemple, était à peu près suivi dans des associations pour qu'il se réadapte. Il faut prendre en compte la contestation de l'idée républicaine. Il faudrait peut-être changer de modèle. Accueillir les gens et faire en sorte que ces gens veuillent s'intégrer. En prenant en compte la montée du communautarisme.

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