jeudi, juin 14, 2007

Non à Mai-68, retour aux acquis de Vichy




La première a eu lieu en 2003 à l'initiative d'un groupe d'intermittents du spectacle. Depuis, il y en a eu une trentaine en province et à Paris. La dernière en date a parcouru la rive gauche parisienne, de la place Saint-André-des-Arts au Panthéon, mardi 12 juin, en fin d'après-midi. A mi-chemin entre happening dada et protestation politique, voici un genre nouveau : la manifestation de droite.

Pour la réussir, il faut deux ou trois cents participants, jeunes ou moins jeunes, seuls, en couples ou en famille qui ont appris l'heure et le lieu par le net (http://a360.typepad.com/manifdedroite/), une organisation discrète et précise du défilé, des voilettes et des bérets, des costumes gris et des robes à fleurs, des guêtres et des talons aiguilles, des cigares et du champagne, quelques drapeaux tricolores et, surtout, des pancartes, des slogans parodiques et satiriques. Ceux-ci s'adaptent aux circonstances politiques actuelles.

Le supposé groupe des Amis sarthois de François Fillon a donc son affiche : "Vas-y, Fillon, appuie sur le champignon". Dans le même genre, on trouve "Besance No, Sarko Si" et, plus méchants, "Non à Mai-68, retour aux acquis de Vichy", "La pauvreté, c'est génétique" et, lancé devant le monument "Jaurès, Jaurès hors du Panthéon !". Il y a les slogans économiques - "Ne taxez pas les revenus du capital", "Moins de fonctionnaires, plus de milliardaires" - et les moraux - "Les homosexuels, c'est pas naturel". Il y a aussi les culturels : "Travail, famille, patrimoine", "La culture, ça fait mal à la tête". La télévision est un sujet de choix : "TFI sur toutes les chaînes", "La publicité, c'est la vérité". On se réclame de Bigard, de Tiberi, de Johnny, de Sardou.

Tout cela, proprement écrit sur des panneaux ou scandé à l'unisson avec un air de conviction, plonge les passants - et les touristes plus encore - dans une brève stupeur, avant qu'ils ne comprennent : il s'agit d'une farce. Ces jeunes filles et jeunes gens endimanchés s'amusent. Vraiment ?

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