mercredi, juin 20, 2007
La pile
Une complainte récurrente monte, depuis la présidentielle, au sein des cabinets ministériels, à Matignon et à l'Elysée : l'interdiction d'utiliser le Blackberry, un assistant personnel permettant de téléphoner et de recevoir des courriers électroniques (Le Monde du 9 juin).
Débauchés dans des banques d'affaires, des cabinets d'avocats et des entreprises, ils n'en reviennent toujours pas. "On a le sentiment de perdre un temps fou, il faut réapprendre à travailler à l'ancienne, en fait de rupture, on vit plutôt une fracture technologique", s'exclame ce directeur de cabinet d'un grand ministère. Près de 7 millions de personnes, des cadres et des dirigeants du monde entier, ne peuvent plus vivre sans ce bijou de technologie, leader en France et aux Etats-Unis.
La première circulaire du secrétariat général de la défense nationale (SGDN) remonte à dix-huit mois, mais elle a dû être renotifiée. Il est hors de question, dit-on au SGDN, de laisser circuler des informations gouvernementales entre des mains étrangères.
PROBLÈME DE SÉCURISATION DES DONNÉES
Le Blackberry pose, selon Alain Juillet, haut responsable de l'intelligence économique auprès du gouvernement français, "un problème de sécurisation des données". Cet outil de communication est fabriqué par la société canadienne Research in Motion (RIM), et l'ensemble des données transite par deux serveurs situés aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. En clair, la France, qui a été le premier pays à s'inquiéter d'éventuels détournements, craint que le réseau d'interceptions de communications de la National Security Agency (NSA) américaine ne puisse espionner l'action du gouvernement.
"Ils ont essayé de nous proposer autre chose pour remplacer nos Blackberry, mais cela ne fonctionne pas et certaines personnes utilisent en cachette leur Blackberry", constate un membre du cabinet du premier ministre. La direction centrale des systèmes de sécurité et d'information, attachée au SGDN, planche sur des outils alternatifs, mais la tâche est rude. "Non seulement, l'administration est un puits de paperasse sans fond, mais en plus nous ne fonctionnons pas dans le même espace-temps que nos interlocuteurs", s'impatiente un directeur adjoint de cabinet.
"Les risques d'interceptions sont pourtant réels, c'est la guerre économique", plaide M. Juillet. Pour preuve des risques encourus, dit-il, "avant toute grande négociation entre des banques d'affaires américaines et des entreprises, chacun sort son Blackberry et en extrait la pile pour montrer que tout se déroule dans un climat serein".
Dans le passé, M. Juillet a été PDG de Marks & Spencer avant de prendre la tête de la direction du renseignement de la DGSE, notamment chargée des relations avec les entreprises françaises.
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