Nouvelles restrictions à venir sur la diffusion de vidéos en ligne
Les médias officiels ont annoncé, le 15 août 2006, que les sites Internet devront bientôt obtenir une autorisation de l’Administration d’Etat de la radiodiffusion, du cinéma et de la télévision (SARFT) pour diffuser des vidéos en ligne.
"Ces nouvelles mesures risquent de considérablement restreindre les possibilités offertes par ce format aux internautes pour s’exprimer en ligne", a déclaré Reporters sans frontières. "Outre les parodies de films classiques ou les créations artistiques, il sera désormais impossible de diffuser, sur son site Internet, des reportages vidéo réalisés de manière indépendante et qui s’écarterait du point de vue officiel", a ajouté l’organisation.
Ces restrictions viendront compléter les Mesures pour l’administration de la diffusion de programmes audiovisuels par Internet ou autres réseaux de communication de 2004. Appelées "directive n°39" par les professionnels des médias, elles avaient pour objectif principal de réguler la diffusion des programmes de radio et de télévision par Internet. Les nouvelles mesures vont donc venir parachever un processus qui consiste à intégrer Internet aux médias traditionnels en ce qui concerne leur régulation.
Les sites souhaitant diffuser des vidéos sur Internet devront donc être enregistrés auprès des autorités et leurs contenus validés par celles-ci avant d’être mis en ligne. La SARFT a d’ailleurs d’ores et déjà décidé que les grands portails Internet chinois tels que Sina, Sohu, Netease, QQ ou Tom seront autorisés d’office à diffuser des vidéos en ligne. Ces entreprises se sont déjà soumises aux règles d’autocensure. L’organisme de régulation, pour appliquer ces nouvelles restrictions, va mettre en place un système de surveillance sur le plan national avec des centres basés à Pékin, Shanghai et Canton.
Les vidéos sur le Net pullulent ces derniers mois, notamment depuis la mise en ligne, en février dernier, d’un court-métrage de Hu Ge intitulé "Meurtre pour un pain à la vapeur". Son clip d’une vingtaine de minutes parodiait le film de Chen Kaige, "La Promesse", en se moquant de l’élocution monotone des présentateurs de la télévision d’Etat. Un autre de ces courts-métrages reprenait le film de propagande "L’Etoile rouge étincelante" en faisant passer son héros patriotique en chanteur de variété. Certains commentateurs avaient considéré que la satire avait été poussée trop loin et que la distorsion de la révolution chinoise sur le plan historique était "immorale et inacceptable".
Le phénomène de la vidéo en ligne s’est développé de manière exponentielle en Chine. Par exemple, Toodou.com, un service chinois d’hébergement de vidéos, comptait, en janvier 2006, plus de 150 000 utilisateurs enregistrés. En décembre 2005, 8 000 vidéos avaient été envoyées sur leurs serveurs et elles ont été vues 3 000 000 de fois. En avril 2006, ces chiffres s’élevaient respectivement à 35 000 et 35 000 000.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire