samedi, octobre 14, 2006

Pax Sinica




Chaque année, plus de deux mille Tibétains fuient la Chine en risquant un périlleux périple à travers l'Himalaya pour gagner le Népal. Ce qui s'est passé le 30 septembre est, sinon un fait rare, tout au moins un événement inhabituel parce qu'observé par des témoins indépendants.

Un himalayiste britannique, Steve Marsh, policier originaire de Bristol, a vu ce jour-là des gardes-frontières chinois tirer, du côté chinois, sur ces candidats à l'exil, alors qu'il était en train de gravir, sur le versant népalais, le Cho Oyu, l'un des plus hauts sommets du monde, voisin de l'Everest. Selon lui, les soldats ont "visé directement un groupe d'une vingtaine de Tibétains" escaladant le col du Nang pa. Il affirme, dans un entretien à l'AFP, avoir vu à la jumelle l'un d'entre eux s'écrouler.

D'après des responsables de la communauté tibétaine en exil à Katmandou, il se serait agi d'un groupe d'environ 70 Tibétains, des enfants, des adolescents et des moines, envoyés étudier dans des monastères népalais. La victime serait une nonne bouddhiste tibétaine, Kelsang Namtso, âgée de 17 ans. Une dizaine d'entre eux aurait été appréhendée, après la fusillade.

Une quarantaine de Tibétains ont réussi à franchir la frontière et à gagner Katmandou.

Selon le témoignage d'un moine cité par l'association Campagne internationale pour le Tibet, le groupe comprenait "une quinzaine d'enfants âgés de 8 à 10 ans." Un responsable du Centre des réfugiés tibétains à Katmandou, Lhondup Dorje, estime pour sa part que deux personnes ont été tuées.

Les troupes chinoises de l'Armée populaire de libération ont "libéré", selon Pékin, le Tibet en 1950. La Chine poursuit depuis une brutale politique de sinisation de cette province qu'elle considère comme faisant partie de son espace politique et culturel.

Toutefois, nombre de Tibétains restent rétifs à ce qu'ils perçoivent comme une occupation de leur pays. Si au Tibet, toute opposition violente au régime chinois semble avoir été aujourd'hui éradiquée, Pékin continue de harceler tous ceux qui, parmi les Tibétains, refusent la pax sinica.

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