Le meilleur, c'est le 20h sur TF1 : une chaine aux ordres.
Il est beau, il est fort, il a de la volonté.
A 20 h 45, dimanche 6 mai, François Bayrou rejoint la salle de presse de son siège de campagne pour faire une déclaration. Il a attendu dans son bureau que Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy se soient exprimés. Entre-temps, Jean-Marie Le Pen a également pris la parole en direct. Le candidat centriste, arrivé en troisième position au premier tour de la présidentielle, s'installe au micro, face aux caméras alignées - TF1 n'a envoyé personne. Il attend que le "top" de départ lui soit donné et prononce une intervention de cinq minutes... qu'aucune chaîne publique ne retransmet en direct. Pendant ce temps, les échanges entre les invités se poursuivent sur les plateaux de télévision. Seuls des extraits de la déclaration seront diffusés en différé. "Ils n'ont pas attendu longtemps pour me faire payer", lâche M. Bayrou, passablement dépité.
Lors de son premier discours Nicolas Sarkozy n'a pas manqué d'évoquer le sort des infirmières bulgares emprisonnées à Tripoli, une cause qui lui semble chère depuis sa campagne pour la présidentielle. Sauf qu'il a parlé des "infirmières libyennes"... La presse bulgare s'interroge.
Il y a une chose qui n'aura pas échappé aux Bulgares dans le premier discours du futur président français, Nicolas Sarkozy, c'est son engagement pour les opprimés et les injustices dans les monde - les "femmes en burqa" et les dictatures... -, une partie fort lyrique où il a également mentionné les "infirmières libyennes".
Il s'agit, bien évidemment, d'une petite erreur de la part du nouveau président de la République. C'est bien des infirmières bulgares emprisonnées en Libye qu'il était question, une cause à laquelle Nicolas Sarkozy, encore candidat de l'UMP, s'était dédié les derniers jours de sa campagne. Il avait alors franchement impressionné ses interlocuteurs bulgares, les proches et la familles des cinq infirmières de passage à Paris, en s'engageant notamment à en faire une "priorité de sa présidence" s'il venait à être élu."S'il le faut, j'irai les chercher moi-même en Libye", a-t-il lancé aux proches des infirmières condamnées à mort pour avoir volontairement inocculé le virus du sida à des enfants libyens.
GRÂCE À LA FRANCE, LES INFIRMIÈRES RENTRERONT À LA MAISON ?
Le lendemain de ces déclarations, la presse bulgare ne cachait pas sa satisfaction : "Grâce à la France, les infirmières rentreront à la maison", titrait un quotidien à grand tirage de Sofia. En privé, les proches des condamnées disaient que, après plus de neuf ans de calvaire, pas mal de déceptions et beaucoup de tentatives de récupération de leur cause, ils étaient enfin rassurés par un homme politique européen.
D'où le désarroi, voir la déception des quelques correspondants bulagres à Paris d'entendre le nouveau président français évoquer des "infirmières lybiennes". "J'ai l'impression qu'il n'a pas bien compris de quoi il s'agissait", confie l'une d'entre elles. "C'est peut-être pour cela que lors du débat télévisé avec Royal, il leur avait offert l'asile en France."
Vladi Nikolov, dont les articles sont publiés par le quotidien Dnevnik et l'hebdomadaire économique Kapital " ne manquera pas d'inclure cette 'bourde'" dans son prochain portrait de Nicolas Sarkozy. "J'ai été catastrophé, explique-t-il. Cela montre bien comment des causes sont récupérées par des hommes politiques, sans être forcemment comprises et assimilées."" Cela fait tellement longtemps qu'elles sont emprisonnées à Tripoli qu'elles ont peut-être obtenu la nationalité libyenne ?" ironise un autre correspondant de Sofia.
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