mercredi, février 07, 2007
Un peche capital
Extrait :
Le travail, dans la civilisation judéo-chrétienne, permet à l’opposé de la paresse (un péché capital) de mettre davantage de chances de son côté pour gagner « son » paradis. De même, alors que jusqu’au XVIIIe siècle l’oisiveté était le signe d’un statut social élevé, le siècle des Lumières appelle chacun à prendre son destin en main et à se réaliser. « Le travail est donc perçu à la fois comme une contrainte, explique Yves Lichtenberger, professeur de sociologie à l’université de Marne la-Vallée, mais aussi comme un lieu de sociabilisation. Le salarié construit un système identitaire d’échanges avec ses collègues, son entreprise et ses clients. »Encore faut-il que les « termes » de l’échange paraissent équitables. En 1945 et pendant les « trente glorieuses », rappelle Jacques Robin, l’un des fondateurs de la revue Transversales Sciences/Culture et auteur en 1989 de Changer d’ère (Seuil),« un compromis a été bâti : on échangeait le travail contre une protection (sociale) ; jusqu’aux années 1970 l’Etat providence avait réussi à encastrer le social dans l’économie, aunomde la solidarité collective ». Un consensus cassé par la crise du premier choc pétrolier. L’installation d’un chômage de masse – n’épargnant plus les cadres dès le début des années 1990– va développer non plus une conception identitaire du travail, mais une conception « sécuritaire » : il faut rester à tout prix un « insider » pour ne pas passer de l’autre côté du miroir, où le pire pourrait se produire. Selon un sondage réalisé le 6 décembre 2006 par l’association Emmaüs, 48 % des Français pensent ainsi qu’il est possible « qu’ils deviennent un jour SDF ».
A cette peur de l’exclusion s’ajoute la réalité d’une vie au travail vécue comme de plus en plus pénible : montée du stress, souffrances, intensification des tâches, développement du nombre de travailleurs pauvres lié à la progression de la précarité…
Non seulement le travail n’est plus « la santé », puisque le nombre de salariés touchés par une maladie professionnelle augmente, mais il n’est plus aussi
synonyme de qualité de vie.
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