samedi, juillet 14, 2007
1,3 milliard de personnes a dos
Extrait :
Au ministère des travaux publics, qui chapeaute le "chantier du siècle" si cher au président, on suit les travaux de près. "Nous avons imposé aux Chinois d'utiliser 70 % de main-d'oeuvre locale afin que nos Algériens se frottent à une autre culture, explique Omar Oukil, conseiller en communication du ministre. Nous avons besoin d'une culture du travail assez rigoureuse, nous avons besoin de voir les choses de façon assez sérieuse. Les Chinois sont une race à part, ils font les trois-huit, sept jours sur sept", ajoute-t-il en conclusion de sa journée de travail au ministère, déjà désert sur le coup de 16 heures.
Omar Oukil, qui se dit peu attiré par l'Asie ("Quand je suis fatigué, c'est à côté de Marseille que je vais me reposer"), est pourtant impressionné par les Japonais. "Sur les chantiers, leurs manières strictes forcent le respect, affirme le cadre du ministère des travaux publics. Ils dégagent de l'intelligence et une véritable élégance. Les Chinois, eux, ont l'air misérable. Ils n'ont que leur travail à offrir." Ceux du bureau de Chlef, à 210 km à l'ouest d'Alger, font pourtant excellente impression : hommes et femmes en tenue sport chic, jeunes et accueillants, parlant français ou arabe, équipés d'ordinateurs dernier cri et respectant à la lettre les consignes affichées au mur.
Il s'agissait sans doute de limiter les frictions avec une population troublée par ces nouveaux migrants, qui sont officiellement 18 000 dans le pays. Le journal El-Youm vient de faire scandale avec une double page venimeuse sur les méfaits des Chinois, "cette invasion jaune qui ne respecte pas les interdits religieux (...) et adore les brochettes de chat et de chien".
Mais ce n'est pas tout : le géant aurait failli. Des retards ont été enregistrés dans la livraison des logements et les autorités algériennes refusent de voir que les Chinois n'y pouvaient rien : épidémie de SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) en 2003 qui a bloqué l'arrivée des expatriés, tremblement de terre la même année, énormes retards administratifs et techniques algériens. "Nous ne sommes plus une économie de monopole, nous sommes ouverts à tous, aux Chinois mais aussi aux Français !" sourit un haut responsable du ministère de l'habitat. Avant d'avouer qu'il est déçu par les Chinois, dont il attendait des miracles. "Mais ne me citez pas, dit-il, je ne veux pas me mettre 1,3 milliard de personnes à dos."
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